Vers la fin de l’exode rural?
Familles Rurales publie une étude sur les perceptions et réalités de vie des territoires ruraux
Et si le confinement de 2020 avait permis d’inverser le mouvement massif d’exode rural que connaissaient les campagnes françaises depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale ? C’est en tout cas ce que suggère l’étude “Territoires ruraux : perceptions et réalités de vie” commandée par Familles Rurales, réalisée par l’IFOP et parue en janvier 2021.
Après avoir longtemps été délaissées des pouvoirs publics, dont les investissements se portaient avant tout sur le développement des zones urbaines, les campagnes reviennent progressivement sur le devant de la scène. Ainsi, ce ne sont pas moins de 80% des sondés qui déclarent considérer la campagne comme le cadre de vie idéal. Un chiffre en hausse, témoignant à lui seul du regain d’attractivité de la ruralité. Celle-ci est en effet perçue comme présentant de nombreux atouts par rapport à la vie en ville : pollution limitée, calme, proximité avec la nature, faible coût de la vie…
Les chiffres donnent le tournis : 94% (+9 points) du grand public considèrent que le monde rural gagnerait à être mieux connu, 92% (+20 points) qu’il est agréable à vivre et 72% ont la sensation que le monde rural connaît un renouveau (+29 points). Fantasme d’urbains idéalisant la vie à la campagne ? On peut en douter quand on lit que 97% des ruraux estiment eux aussi qu’il est préférable de vivre à la campagne…
Une attractivité teintée de bémols
Pourtant, bien que la ruralité française gagne en attractivité, elle ne parvient toujours pas à se départir de ses éternelles faiblesses. Citons principalement le manque de services publics (écoles, hôpitaux, postes, gares…), qui constitue un frein à l’installation à la campagne pour 66% des personnes sondées par l’IFOP. De même, le faible dynamisme du marché de l’emploi, le manque de commerces ou la mauvaise couverture Internet représentent autant d’obstacles au déclenchement d’un « exode urbain », pour respectivement 62%, 43% et 26% des interrogés. Une situation qui ne serait pas prête de s’inverser, à en croire les ruraux qui sont près de 6 sur 10 à estimer devoir faire face à un abandon progressif de la part de l’État. C’est donc tout logiquement que, pour préparer l’avenir du monde rural, les Français estiment qu’il est prioritaire d’agir dans les domaines relevant des prérogatives de l’Etat, comme la lutte contre la désertification médicale (pour 54% des sondés), le renforcement du maillage scolaire (37,5%) ou encore le développement des infrastructures de transport (27%).
Dès lors, il semble paradoxal que des territoires considérés par le grand public comme insuffisamment pourvus en service public parviennent à attirer toujours plus de nouveaux habitants. Si les explications sont multiples (généralisation du télétravail, besoin de nature et d’espace, volonté de se reconnecter à une économie locale), toutes sont directement imputables au confinement de 2020. Cloîtrés chez eux, les Français ont perdu de vue une bonne partie des intérêts de la vie métropolitaine et se sont remis à rêver d’espace, et donc de ruralité. Un phénomène qu’illustre bien le marché de l’immobilier dans les campagnes, qui connaît sa plus faste année après des années de disette. Toutefois, pour que ce retour des Français à la ruralité soit pérenne et ne constitue pas un simple effet de mode, le rôle des pouvoirs publics s’avèrera déterminant afin de renforcer l’attractivité de territoires trop longtemps délaissés.
La culture tire son épingle du jeu
Du côté de la culture, il semblerait que le déficit de services et d’activités ne soit pas aussi flagrant que pour la santé, l’emploi ou l’éducation. Ainsi seulement 11% du grand public et 12% de ruraux considèrent que l’accès à la culture est insuffisant dans les campagnes.
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