Allons à la rencontre d’Astaffort avec Francis Cabrel
L'écriture de la chanson en langue régionnale
Rencontre avec Francis Cabrel, chanteur, compositeur, interprète, mais également fondateur de l’association Voix du sud qui réalise les Rencontres d’Astaffort. Il a choisi d’implanter le centre de formation à l’écriture de chansons dans son village natal du Lot-et-Garonne.
COMMENT A ÉVOLUÉ LE PROJET DES RENCONTRES D’ASTAFFORT ?
Au départ, j’avais mis trois lignes sur une feuille : « Un auteur rencontre un compositeur et tous les deux rencontrent un interprète. » Au fil des rencontres, ce projet a tenu compte de toutes les critiques. On s’est amélioré sur tous les plans, sur l’accueil, notamment sur la structure, sur le matériel qu’on met dans les pièces. On est monté en raffinement. La chanson s’est déplacée, est partie vers l’urbain, vers l’électro, vers toutes les techniques. Maintenant, les pianos sont plutôt des pianos électroniques et des synthétiseurs super évolués. La vie a bougé, l’époque a bougé. On accueille maintenant des gens qui n’ont plus le profil de ceux des premières années.
QUEL EST VOTRE RÔLE DANS LES RENCONTRES D’ASTAFFORT ?
Je suis un observateur attentif, mais je n’ai plus de rôle officiel. Je suis toujours inquiet de savoir comment ça évolue. C’est dans de très bonnes mains. Les premières années, je tenais presque des conférences avec les gens qui étaient invités, les jeunes artistes, je leur parlais de mon parcours, ils me posaient des tas de questions. Je trouve qu’aujourd’hui, il y a vraiment un gros décalage entre ceux qui s’inscrivent et moi. Je pourrais être, quelque fois, leur grand-père. Je m’interdis de juger, sauf si la demande vient d’eux, une de leurs chansons.
COMMENT EST INTÉGRÉE LA LANGUE OCCITANE AUX RENCONTRES D’ASTAFFORT ?
Le président Jean Bonnefon, qui chante cette langue, qui l’écrit – il a un groupe qui tourne beaucoup avec son répertoire occitan – a émis l’idée qu’on pourrait faire une rencontre multi-langages comprenant le corse, le breton, l’alsacien, le béarnais, le basque. Tous les représentants de ces langues-là se sont retrouvés un jour ici et ça a fait quelque chose de très fraternel, de très émouvant même. On va sans doute recommencer, mais ça, c’est une initiative de Jean Bonnefon. Moi, j’ai le rapport à langue occitane que l’adolescent que j’étais avait quand il traversait Astaffort et qu’on entendait parler dans toutes les maisons ce qu’on appelait le patois, mais qui était du gascon, de l’occitan.
POURQUOI AVEZ-VOUS CHOISIS D’OUVRIR UN CENTRE D’ÉCRITURE DE CHANSONS À ASTAFFORT ?
Je pense qu’à Astaffort, il y a un air propice à l’écriture des chansons. Ça, je l’ai vérifié pendant des années… J’ai écrit peut-être 90% de mes chansons à Astaffort. Je voulais qu’il se passe des choses parce qu’on est loin de tout et que ce n’est pas normal. Pour une fois, la culture se déplace vers un petit, un gros village, on va dire.
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