Carnet de marche à Vassivière
Par Olivier Bleys, écrivain-marcheur
Olivier Bleys part à la découverte du Lac de Vassivière, à cheval sur la Creuse et la Haute-Vienne. Une marche poétique entre les eaux froides du lac et les forêts humides.
Ne négligeons pas l’importance des mots — leur malice, parfois. Un autre marcheur, Olivier Lemire, a fait sa spécialité de relier à pied des sites dont les noms se répondent : en 2008, il a joint le petit village de « la Vie », dans la Creuse, au lieu-dit « la Mort », dans le Doubs. Le mois de juin torride qu’a souffert notre région, les températures record qui ont sévi en Nouvelle-Aquitaine, me portaient, moi aussi, à chercher la fraîcheur dans des lieux aux toponymes frisquets. Vassivière est de ceux-là.
J’ignore si le simple énoncé de ce nom, Vassivière, vous procure comme à moi un délicieux frisson ? Un effet, bien sûr, du vaste plan d’eau artificiel de 7600 hectares qu’abrite le site, et des fameuses parties de baignade ou de canotage promises par l’étendue liquide… Mais Vassivière, à l’oreille de l’écrivain, promet mieux encore. C’est un nom à la finale fraîche, claire et lumineuse, qu’un poète classique comme Malherbe aurait rangé parmi les rimes féminines (porteuses d’un « e » muet). Et, certes, Vassivière rime agréablement avec clairière, vert, croisière, fougère — mon dictionnaire de rimes suggère aussi, tout aussi humide : aquifère, batelière, baptistère, vasière…