« Le terme TERRITOIRE est une ficelle médiatique et politique »
par Aurélien Delpirou, géographe
Maître de conférences à l’Ecole d’urbanisme de Paris, détaché au secrétariat général du Club ville aménagement, Aurélien Delpirou dénonce le triomphe d’une vision binaire du territoire et le culte de la proximité. Il fait le point sur cette notion de territoire.
De la « République des territoires » de Xavier Bertrand au « tour de France des territoires » d’Emmanuel Macron, en passant par « l’équipe des territoires » structurée par des élus locaux autour d’Anne Hidalgo… A moins de huit mois de l’élection présidentielle, on ne jure plus que par les « territoires ». Chaque candidat ou futur candidat a sa bonne formule.
Même les grands médias nationaux s’y sont mis. Nouvelles émissions ou rubriques, multiplication des chaînes locales de BFM Régions, émissions décentralisées à la radio… Le local redevient à la mode et le moment est venu de parcourir la France pour aller rencontrer des citoyens avant l’élection suprême de la Ve République. Il faut dire que le mouvement des « gilets jaunes » a probablement cristallisé l’idée que les journalistes, tout comme les politiques sur la scène nationale, sont trop parisianistes et déconnectés des préoccupations des Français.
La presse quotidienne régionale a toujours été et reste la plus puissante en termes de diffusion en France. « Ouest France » est par exemple le journal le plus vendu. Le journal télévisé de Jean-Pierre Pernault sur TF1, qui accordait près de vingt-cinq minutes aux régions et aux terroirs chaque jour, était le plus apprécié des Français. Chacun a l’impression que l’on ne parle pas de l’autre, alors que lorsque l’on regarde les audiences, seule une petite partie de la France lit « Télérama » ou regarde « Quotidien », l’émission de Yann Barthès sur TMC.