« Presqu’îles » ou le Médoc de Yan Lespoux
Trente nouvelles drôles, mélancoliques et tragiques
« Presqu’îles » est le premier recueil de nouvelles de Yan Lespoux. L’auteur, animateur par ailleurs d’un blog sur le roman noir, Encore du Noir !, met en récit le Médoc qu’il connaît, celui qui est loin des vignes et des châteaux, celui qui est proche de l’océan, des étangs et des forêts.
Plus qu’une balade, « Presqu’îles » est une mise en lumière subtile et captivante de tout ce que l’on ne voit pas dans ce Médoc enraciné entre Océan, étangs et forêts. Paysages et personnages du cru se dévoilent sous la plume éclairée de Yan Lespoux, tour à tour drôle, mélancolique, parfois tragique. Un livre régional ? Non, un récit qui parle à tous et questionne notre rapport à un lieu, quel qu’il soit.
Extrait de la préface d'Hervé Le Corre
Il y a des pays qu’on ne voit pas parce qu’on ne les regarde pas (…) C’est dans ce Médoc-là que Yan Lespoux enracines ses textes. Un Médoc de forêts de pin, de lacs, de pistes cahoteuses, de chasseurs, de chevreuils, de champignons. Où l’on s’observe, se hait, s’ennuie, se tue. Où l’on sème, aussi. Où l’on conçoit quelques rêves d’ailleurs. D’où l’on voudrait s’échapper. Un Médoc du brouillard, de la pluie, gris, barré de troncs noirs. Un Médoc océanique. L’océan qui gronde et tape. Sa rumeur qui vous prend à la gorge ou vous serre le cœur.
Pourquoi avoir choisi le format de la nouvelle ?
J’ai eu envie de raconter un lieu et la manière dont vivent ses habitants à travers des histoires courtes qui puissent former un tout cohérent. Ce ne sont pas des nouvelles disparates, elles forment une espèce d’archipel, d’où son titre, « Presqu’îles ». Un écrivain a dit : « Un recueil de nouvelles est un roman dont les personnages ne se connaissent pas. » J’ai choisi d’implanter ces personnages comme faisant partie d’une communauté. On peut d’ailleurs imaginer qu’ils se connaissent…
Que racontez-vous du Médoc dans « Presqu’îles » ?
L’idée était de raconter l’envers de la carte postale. Il y a le Médoc viticole et son image d’Épinal et puis l’autre, le Médoc où j’ai grandi près de la côte, celui que les gens voient l’été et fréquentent aux beaux jours. Les vacanciers vont jusqu’à l’Océan, profitent de la plage et ne rencontrent jamais les gens qui y vivent à l’année. Or, il y a une autre manière de vivre le reste de l’année. J’ai eu envie de montrer ce Médoc-là, qui m’est cher, à travers des tranches de vie, ces moments du quotidien où les choses basculent.
J’aime inventer des histoires sur les personnes que l’on croise tout le temps, à partir de mon imagination, d’un souvenir ou d’un fait divers. Je passe du temps à me promener dans la nature, là où il n’y a personne. Je regarde beaucoup, j’observe. Enfant, je passais beaucoup de temps à suivre mon père et mon grand-père, à les écouter.
Presqu'îles
de Yan Lespoux
Préface d’Hervé Le Corre
Agullo court, 2021
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