Rencontre autour du film « La Nuée »
Un thriller agricole de Just Philippot tourné pour partie en Lot-et-Garonne
“La Nuée”, sorti en 2021, est un film singulier mêlant drame agricole et thriller fantastique. Il a pour partie été tourné à Caubeyres, petit village du Lot-et-Garonne. Entretien croisé avec Just Philippot et Thierry Lounas, respectivement réalisateur et producteur.
On pourrait qualifier La Nuée de « thriller rural et familial horrifique ». Mais c’est aussi un film qui, en creux, dénonce les ravages de l’agriculture intensive…
Thierry Lounas : Je pense qu’aujourd’hui un film fantastique se doit de dire quelque chose de l’état du monde. On ne peut plus faire un cinéma de genre « hors sol » qui serait un pur fantasme. Les cataclysmes qui s’abattent les uns après les autres sur la planète ces dernières années font du monde actuel le plus grand film de genre. Ces sauterelles mutantes ne sont finalement pas plus exceptionnelles que la contamination virale via le pangolin. Les deux sont le résultat d’une exploitation intensive de la nature.
Les conditions de vie des agriculteurs en France aujourd’hui, pris à la gorge par des crédits qui les obligent à travailler toujours plus pour rentabiliser leurs investissements, ne sont pas si éloignées de ce qui est montré dans le film…
Just Philippot : Exactement. Cette femme se saigne au sens propre comme au figuré. Elle se donne corps et âme. On pourrait utiliser une dizaine d’expressions de la sorte. La Nuée les met toutes en image à sa façon. Et puis en parallèle, il y a les maladies professionnelles liées aux pesticides, la lente destruction du corps qui ne sert plus à rien d’autre. À travers son travail, le corps de Virginie se dévitalise. Il n’en reste presque plus rien.
"La Nuée, c’est un grand écart entre Profils Paysans (Depardon) et Alien (Scott), en passant par Petit Paysan (Charuel), Take shelter (Nichols) ou District 9 (Blomkamp)…"
Résumé
Difficile pour Virginie de concilier sa vie d’agricultrice avec celle de mère célibataire. Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance à corps perdu dans le business des sauterelles comestibles. Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent plus : Virginie semble développer un étrange lien obsessionnel avec ses sauterelles…
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