Rurart, un centre d’art contemporain à la campagne
Créations et médiations culturelles à Rouillé dans la Vienne
Rurart est le seul centre d’art en France a être sous la tutelle du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Situé dans l’enceinte du lycée agricole de Venours, à une trentaine de kilomètres de Poitiers, il a pour ambition de diffuser l’art contemporain et de proposer des expériences de médiation aux lycéens, aux collégiens et aux habitants de la région. Reportage sur un lieu singulier.
Rurart n’est pas un lieu commun. Inauguré en 1995, son implantation au sein d’un lycée agricole en fait même un lieu singulier. Porté par un projet artistique et de médiation audacieux, le centre propose des actions à des populations éloignées des lieux de diffusion de l’art. Expositions d’art contemporain, travail autour des pratiques numériques, multiples actions culturelles, création et éducation constituent le socle de Rurart.
Des expositions pour tous les publics
Animé par une petite équipe de trois personnes, le centre produit plusieurs expositions chaque année qui font l’objet d’un important travail pédagogique avec les publics scolaires. En ce moment, ce sont les créations de l’artiste Sarah Trouche qui sont exposées. Par la performance, la photographie, le film, l’installation, l’artiste questionne ce que nous laissons en passant et en posant nos pieds lors de nos déplacements. Entre terre inerte et végétation luxuriante, elle donne à voir deux territoires en miroir, l’île de Svalbard en Arctique et un village flottant au Bénin.
Le sujet est pertinent. Et la cohabitation se passe bien entre le lycée agricole et les amateurs d’art. Mais comment faire pour que les jeunes en formation et le monde de l’art contemporain fasse plus que cohabiter ?
Trouver des points communs, c’est difficile. Mais nous avons développé depuis deux ans une multitude d’actions ensemble. Au départ, ce n’était pas prioritaire pour eux. Seuls les enseignants socioculturels et ceux de français viennent me voir. On voit très peu les autres.
Sylvie Deligeon, directrice de Rurart
Le rôle central de la médiation culturelle
Pour créer des affinités, Rurart se doit d’aller plus loin. C’est là qu’entre en scène la médiation culturelle. Le centre propose des ateliers ouverts à tous les publics, des formations, de l’initiation ou encore de l’accompagnement personnalisé. Avec une philosophie : rendre les usagers les plus autonomes possibles.
En 2019, lors de l’exposition La revanche des oiseaux de Julie C. Fortier, plusieurs actions de médiation ont été mises en oeuvre. Deux soirées de lectures théâtralisées ont été organisées avec des élèves autour d’un texte abordant la transmission d’une ferme. Ils ont ensuite pu assister à sa mise en scène et à son interprétation par des comédiens professionnels.
Au sein de l’espace multimédia, les questions liées à l’électronique ludique et le Do-It-Yourself sont explorées. Un atelier annuel sur la création d’un Escape game sonore est même proposé.
On aime ou on n’aime pas. Ce n’est pas la priorité. Mais c’est vraiment de se dire qu’il y a des artistes qui pensent et qui travaillent sur des questions liées à l'environnement ou à l'agriculture d’une autre manière qu’eux travaillent en cours. La plupart sont touchés ou se posent au moins des questions. Parfois ils sont étonnés du travail.
Sylvie Deligeon
L’éducation socioculturelle est la pierre angulaire du projet Rurart. C’est une discipline unique portée par l’enseignement agricole qui cherche à animer les territoires. Depuis 1988, un réseau régional d’actions culturelles est animé depuis le centre d’art contemporain Rurart. En plus de fédérer des enseignants de tous les lycées agricoles publics de la région, il développe des projets de diffusion et de production d’expositions, de spectacles vivants, de résidence d’artistes ou de coopération culturelle internationale.
Rendre l’oeuvre d’art contemporain à la portée de tous est une occupation de chaque instant pour Sylvie Deligeon et Vincent Allain, médiateur culturel. Le public est placé au centre des médiations. « J’aime bien aller chercher la personnalité des gens que j’ai en face de moi par rapport à mon rôle. J’essaie de tenir compte de cela et pas uniquement réciter un texte à n’importe qui et à tout le monde. » (Vincent Allain).
En plus de vingt années de service, ce qui n’était à l’origine qu’un outil pédagogique est devenu un véritable centre d’art occupant une place importante dans le milieu de la création contemporaine. Rurat, la création hors des sentiers battus.