Saint-Just-le-Martel, centre national et international du dessin de presse

Pour que vive la liberté de la presse

Livres, presse & édition
Rencontre
Vu sur Prologue-ALCA
4 minutes de découverte
22 • 01 • 2020
Depuis quatre décennies, le Salon international de la caricature, du dessin de presse et d’humour se tient à Saint-Just-le-Martel, petit village de Haute-Vienne. Depuis 2011, il dispose aussi d’un centre permanent avec une capacité d’exposition de 2000 m2. Rencontre avec son codirecteur Guy Hennequin, qui revient sur l’histoire d’un salon et d’un centre reconnus par les dessinateurs du monde entier.
Le Salon international de la caricature, du dessin de presse et d’humour existe depuis près de quarante ans, étant à la fois ancré dans le territoire néo-aquitain et reconnu internationalement. Comment s’est construite cette histoire ?

Guy Hennequin  Le premier salon de l’humour a été monté en 1982 par le foyer des jeunes de St-Just sous la conduite de Gérard Vandenbroucke, maire de la commune [qui deviendra président de la Région Limousin puis vice-président de la Région Nouvelle-Aquitaine, ndlr]. Lors de la cinquième édition, en 1986, Michel Polac suggère la création du prix de l’humour vache (allusion au célèbre ruminant limousin). Cette même année, Loup emporte le premier prix de l’humour vache. La vache va alors beaucoup œuvrer pour la promotion du salon : elle prendra le nom de Justine et montera à Paris pour prendre le métro. L’année suivante, elle montera sur la tour Eiffel, puis dans le funiculaire de Montmartre, en boite de nuit et dans un magasin de porcelaine. Elle sera offerte tous les ans au dessinateur le plus vache de l’année et, pire, elle sera embrochée et grillée sur place le jour de l’inauguration ! Ce rite sacrificiel lui vaudra la sympathie des dessinateurs du monde entier, au point d’en faire la mascotte du festival. Aussi paradoxale que soit l’utilisation de cet animal pour symboliser une liberté qui lui est confisquée la plupart du temps, et l’humour dont il est, entre nous, totalement dépourvu, elle est pour autant l’image des liens qui se sont tissés entre les éleveurs et le festival pour porter haut les symboles de notre identité territoriale.

Parmi les temps-forts de notre histoire, je retiens la délocalisation en 1998 de l’équipe complète de Charlie Hebdo (Philippe Val, Charb, tous les journalistes et dessinateurs) à St-Just pour tenir sa conférence de rédaction dans le train et animer le salon. Quelques années après, à la suite de l’affaire des caricatures de Mahomet en 2005, et à l’initiative de Plantu, naît « Cartooning for Peace ». L’exposition est montée ici et sera exposée à l’ONU en présence de Koffi Annan, Plantu, les dessinateurs internationaux de « Cartooning for Peace » et une délégation de St-Just, dont Gérard Vandenbroucke. En 2015, au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, les dessinateurs du monde entier expriment leurs réactions en envoyant 250 dessins au Centre de St-Just. Ces dessins feront l’objet de l’exposition « Les crayons de la liberté » (2019). Enfin, il y a deux ans, nous avons intégré le comité directeur des états généraux du dessin de presse, en collaboration avec la Mairie de Paris. L’objectif est de produire des recommandations pour promouvoir la liberté d’expression, l’égalité, l’éducation et la paix en vue des Objectifs de développement durable de 2030 de l’ONU.

L’association dispose depuis 2011 d’un Centre permanent. Que permet cette installation ?

Le bâtiment a été inauguré officiellement pour la 30e édition du salon. Cet ensemble de béton, bois et verre, financé avec l’aide des Départements, de la Région, de l’État et de l’Union européenne, abrite sur 2000 m2 notamment deux salles d’exposition et un fonds documentaire. Le Centre est à la fois un musée, avec un fonds documentaire et artistique permanent et des expositions temporaires, et le lieu d’accueil du salon annuel. Il permet également de recevoir des spectacles, des conférences, des ateliers et des animations. Il est aussi doté d’une halle polyvalente, utilisée pour les expositions pendant le salon et pour les activités sportives, tout au long de l’année, par les élèves des écoles de la commune.

dessin de presse
Guy Hennequin
Haute-Vienne (87)Nouvelle-AquitaineSaint-Just-le-Martel

Partagez-moi !