Sarah Trouche expose à Rurart dans la Vienne
Et interroge poétiquement le vivant à travers l'art
Le centre d’art contemporain Rurart, situé à Rouillé dans la Vienne, accueille l’artiste polymorphe Sarah Trouche dans une très belle exposition qui mêle performance, sculptures et photographies. Dans une scénographie aux jeux de lumière inspirés des cycles solaire et lunaire, elle questionne la place de l’humain dans l’environnement. Invitation au voyage en France, mais aussi a Svalbard et au Bénin.
La crise écologique oblige à interroger notre rapport à l’environnement et nos représentations du monde. Et Sarah Trouche, artiste polymorphe qui a réalisé l’ensemble des œuvres présentées actuellement au centre d’art contemporain Rurart, se saisit du sujet à bras le corps… L’exposition « Avec la conscience qu’elle ne peut poursuivre sur le chemin des vivants, elle prend la décision de la quitter », questionne la place de l’homme. Comment montrer que l’homo sapiens n’est pas au centre de l’histoire ? Comment mettre en valeur le Vivant en lien avec la nature ? C’est tout l’objet de cette exposition lumineuse qui traite du Vivant par le biais des astres solaire et lunaire, du végétal et de l’animal. Et de la performance.
La performance tient un rôle fondamental dans le travail de Sarah Trouche. Là encore, dans cette exposition, elle expose et s’expose. Dans un subtil jeu de miroirs lunaire et solaire, elle fait se refléter le paysage et le public. Du lever de soleil dans la campagne française à son coucher sur l’île de Svalbard en Arctique, elle relève les gestes qui relient et rassemblent les gens, à la recherche de fraternité. Son travail avec la Compagnie Winterstory in the Wild Jungle, qui se produit dans des lieux éloignés de 60 km à 90 km de toute grande ville, s’inscrit aussi dans cette recherche de liens, mais sous l’angle de l’éclairage de l’astre lunaire. La performance qui en résulte, Attrappe-lune, présentée dans l’exposition questionne le rôle de la lune : « La lune est symbole de changement, de transformation. Elle est surtout la lumière qui brille la plus stable dans l’obscurité. Elle est donc porteuse d’espoir. La lune et d’autres éléments de l’ordre du Vivant sont des symboles qui me permettent de convoquer cette horizontalité entre les territoires, les personnes… »
Nous ne pouvons plus laisser de traces. Nous devons faire corps avec la nature.
Un cycle de superbes sculptures en bois du Bénin représente un calendrier lunaire. Des portraits de Vénus, d’abord de facture plutôt classique se transforment pour devenir de plus en plus proche du monde végétal. Trouvant son inspiration parmi un groupe de femmes guerrières du Bénin, Sarah Trouche utilise le symbole de la femme végétal. « Le symbole m’aide beaucoup dans mon travail artistique. J’essaie de trouver le symbole qui parle à tous. J’utilise ce que je trouve pour faire passer mon message. »
Après les photographies immenses magnifiant la puissance de la nature à Svalbard et les performances filmées mettant en scène des gestes, on s’achemine vers la fin de l’exposition au son de chiens hurlant dans la nuit du Svalbard, rappelant que le vivant, l’animalité, prend place sur ce territoire et que l’homme doit lâcher prise sur sa volonté de maîtrise de l’environnement.
L’exposition pensée comme un ensemble cohérent reprend le thème récurrent au travail artistique de Sarah Trouche de la place de l’homme dans l’histoire pour le contextualiser à la crise environnementale actuelle. Un voyage esthétique et surprenant à découvrir.